La beauté des imperfections

« Ce texte est un hommage aux imperfections. À tout ce qui déborde, dépasse, dérape, mais qui respire la vie vraie. »

Ce matin, j’ai relu mon livre. Celui qui sort dans deux jours. Celui que j’ai corrigé, relu, re-relu, passé dans un logiciel de correction, examiné à la loupe pendant des semaines. Et pourtant… je vois encore des fautes. Des phrases mal tournées. Des points d’interrogation là où il ne devrait pas y en avoir. Des maladresses. 

Je vois aussi des sujets que j’aurais aimé creuser davantage, des histoires que j’aurais pu mieux présenter. Je remarque que mon ton, mon énergie, et ma « vibe » changent au fil des pages, parce que je n’ai pas tout écrit d’un trait. J’ai écrit selon mes émotions du jour, mes humeurs, mes nuits blanches. Et ça paraît. Mon livre, c’est un reflet vivant de mon humanité. Pas un produit figé. 

J’ai eu un pincement en voyant ces petites erreurs. Cette voix intérieure qui murmure : « Voyons, t’aurais dû voir ça… » Mais j’ai décidé de ne pas la laisser gagner. Parce que ce livre, c’est moi. Entière. Humaine. Vivante. Et moi, je ne suis pas parfaite. Personne ne l’est. Pourtant, on dirait que c’est devenu le but ultime.

Et si on arrêtait de vouloir tout rendre parfait?

On cherche la perfection partout. Dans nos écrits. Nos photos. Les lunchs qu’on prépare le soir à la dernière minute après une journée épuisante. Le regard des autres. Notre « feed » Instagram. On cherche même la perfection dans le reflet qu’on voit dans le miroir. On essaie d’atteindre une version irréelle de nous-mêmes, calibrée sur ce qu’on voit en ligne. Mais ce n’est pas la vraie vie. C’est une illusion. Une fiction soigneusement filtrée, stylisée, épurée. Une version stérilisée de l’existence. Et franchement… c’est triste.

la beauté, la vraie, elle se cache dans l’imperfection.

La beauté sincère se cache dans le linge qui traîne parce qu’on a choisi d’aller respirer dehors au lieu de plier encore. Dans les rides, les vergetures et les cicatrices qui racontent des histoires uniques que rien ni personne ne pourra jamais reproduire. Dans les pensées floues mais profondément sincères. Dans notre manière unique d’aimer, de douter, de créer, de voir le monde. Et dans les fautes d’un livre écrit avec tripes et vulnérabilité. 

La fausse perfection nous entoure

À force de voir la perfection partout, celle qui se cache derrière des filtres et des sourires forcés, notre cerveau finit par croire que c’est ça la norme. Que notre réalité devrait lui ressembler. Qu’on est « en dessous » si on vit autrement. Mais cette norme est truquée. Ce n’est pas la vie.

La vraie vie, elle est frisée par l’humidité. Elle est tachée par notre passé. Elle déborde d’émotions mal rangées, de silences inconfortables, et de doutes. Elle est douce, dure, intense, éclatée, fragile. Elle est là, brute, sans filtre, sans censure.

Alors aujourd’hui, je choisis de ne pas repousser mon lancement pour quelques imperfections. Je choisis de les regarder en face et de les honorer comme une preuve que j’ai osé. J’ai écrit. J’ai partagé. J’ai laissé une trace. Et cette trace est vivante. Elle respire. Elle est vraie. Elle est parfaitement imparfaite.

Et si tu laissais tomber le masque un instant?

Si, juste aujourd’hui, tu te permettais d’être pleinement, imparfaitement toi? Sans jouer un rôle. Sans ajuster ton ton, tes mots, ton apparence, tes croyances, pour plaire ou correspondre. Et si tu te donnais le droit de respirer sans te corriger, de dire ce que tu ressens sans te juger, de montrer ce que tu es sans penser à comment ça sera perçu par les autres?

Il n’y a rien à réparer chez toi. Rien à camoufler. Ce que tu es, avec tes hésitations, tes élans, tes contradictions, c’est déjà suffisant. C’est même précieux.

Peut-être qu’en t’accordant ce droit-là, tu offriras sans le savoir la permission à d’autres de faire la même chose. Parce que c’est souvent dans nos failles, nos doutes et notre vérité crue que se tissent les connexions les plus vraies.

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